Randevoo - Episode 19

کتاب عشق سه سال طول می‌کشد 26. فصل رابطهٔ جنسی اینستاگرام راندوو   26. Chapitre très sexe Il faut bien en venir à l’essentiel, à savoir le sexe. La plupart des bêcheuses de mon milieu sont persuadées que faire l’amour consiste à s’allonger sur le dos avec un abruti en smoking qui s’agite par-dessus, saoul comme une barrique, avant d’éjaculer en leur for intérieur et de se mettre à ronfler. Leur éducation sexuelle s’est faite dans les rallyes snobinards, les clubs privés chic, les discothèques de Saint-Tropez, en compagnie des plus mauvais coups de la terre : les fils-à-papa. Le problème sexuel des fils-à-papa, c’est qu’ils ont été habitués dès leur plus tendre enfance à tout recevoir sans rien donner. Ce n’est même pas une question d’égoïsme (les mecs sont tous égoïstes au lit), c’est juste que personne ne leur a jamais expliqué qu’il y avait une différence entre une fille et une Porsche. (Quand on abîme la fille, papa ne vient pas te gronder.) Dieu merci, Anne ne faisait pas partie de cet extrême, mais elle n’était pas spécialement portée sur la chose. Notre plus grand délire sexuel eut lieu pendant notre voyage de noces, à Goa, après avoir fumé du datura. Giclage, bourrage, mouillage, spermage. Il nous fallait cette fumée pour nous décoincer sous la mousson épaisse. Mais bon, ce sommet ne fut qu’une exception hallucinée : d’ailleurs j’étais tellement épris pendant ce voyage que je l’ai même laissée me battre au ping-pong, c’est dire si je n’étais pas dans mon état normal. Oui, Anne, je te l’apprends ici même, si tu lis ce livre : pendant notre voyage de noces, j’ai fait exprès de perdre au ping-pong, OK ? ?   Le sexe est une loterie : deux personnes peuvent adorer ça séparément, et ne pas prendre leur pied ensemble. On pense que cela peut évoluer, mais ça n’évolue pas. C’est une question d’épiderme, c’est-à-dire une injustice (comme toutes les choses qui ont trait à la peau : le racisme, le délit de faciès, l’acné…). En outre notre tendresse ne faisait qu’aggraver les choses. En amour la situation devient réellement inquiétante quand on passe du film classé X au babillage. À partir du moment où l’on cesse de dire : « je vais te baiser la bouche, espèce de petite pute » pour dire : « mon gnougnou d’amour chérie mimi trognon fais-moi un guili poutou », il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme. On le voit très vite : même les voix muent au bout de quelques mois de vie commune. Le gros macho viril à la voix de stentor se met à parler comme un bambin sur les genoux de sa maman. La vamp fatale au ton rauque devient fillette mielleuse qui confond son mari avec un chaton. Notre amour fut vaincu par des intonations. Et puis il y a ce monstrueux concept refroidisseur, le plus puissant somnifère jamais inventé : le Devoir Conjugal. Un ou deux jours sans baiser : pas grave, on n’en parle pas. Mais au bout de quatre ou cinq jours, l’angoisse du Devoir devient un sujet de conversation. Une autre semaine sans faire l’amour et tout le monde se demande ce qui se passe, et le plaisir devient une obligation, une corvée, il suffit que tu laisses encore une semaine s’écouler sans rien faire et la pression deviendra insoutenable, tu finiras par te branler dans la salle de bains devant des bédés pornos pour pouvoir bander, ce sera le fiasco garanti, le contraire du désir, voilà, c’est ça le Devoir Conjugal.  

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